Epilepsie de l’enfant : des performances cognitives altérées dès le début.
Les épilepsies de l’enfant peuvent être associées à des troubles des performances cognitives et scolaires, des troubles émotionnels et du comportement. L’étiologie de ces anomalies est habituellement rapportée aux effets des convulsions sévères et/ou fréquentes, aux traitements, au stress et perturbations sociales engendrés par la maladie. Cependant, des travaux récents semblent monter l’existence d’altérations neuropsychologiques et de perturbations scolaires existant d’emblée au cours des différentes épilepsies isolées primitives. Des neurologues et pédiatres du Wisconsin ont évalué 94 enfants âgés de 8 à 18 ans, atteints de différentes formes d’épilepsie de début récent : épilepsies bénignes avec pointes centro-temporales (EBPCT, n=22), focales temporales et frontales, (31) soit 53 formes localisées et 41 généralisées dont 11 absences, en comparaison de 72 enfants sains, appariés pour l’âge et le sexe et cousins au 1er degré. Les enfants épileptiques ont été examinés par IRM. Les participants des deux groupes ont été soumis à des tests psychologiques et les parents ont été interrogés sur les antécédents et le cursus scolaire, en relation avec le début des crises dont le diagnostic datait au plus d’un an. Les enfants atteints d’épilepsies idiopathiques généralisées avaient des résultats aux tests de QI (performance et verbal) significativement inférieurs aux contrôles, en particulier sur la lecture, l’orthographe, le vocabulaire, la mémoire immédiate et retardée, l’attention et l’impulsivité. Les patients avec des formes localisées avaient des atteintes cognitives recouvrant également un large spectre de tests. Les fonctions exécutives étaient plus altérées dans les épilepsies généralisées, le langage et la mémoire verbale dans les épilepsies localisées. Au total, sur l’ensemble des épileptiques, les performances étaient significativement abaissées pour 12 de 18 tests. Certaines fonctions étaient relativement plus atteintes au cours des épilepsies myocloniques juvéniles (fonctions exécutives) ou dans les EBPCT (mémoire verbale). Les difficultés scolaires étaient évidentes pour environ la moitié des patients épileptiques, affectant de façon égale l’ensemble des groupes. En conclusion, les différentes formes d’épilepsie, même celles réputées bénignes, ont en commun des troubles précoces des facultés cognitives et de la scolarité.
Pr Jean-Jacques Baudon 28/05/2013 Jackson DC et coll. : The neuropsychological and academic substrate of new/recent-onset epilepsies. J Pediatr., 2013;162:1047-53